laisser emprisonner par sa propre vocation initiale. André Breton exigeait de lui-même une complète de liberté de création : l'artiste avait le devoir de choisir le moyen le plus efficace pour s'exprimer avec la facilité du menuisier qui prend sur son établi l'instrument le plus adapté à son travail. Le passage du plan au volume permet à Hamlet, gràce à la dimension statuaire acquise par l'image, de mieux souligner l'aspect cosmogonique éclairant et érotique de l'éternel féminin. Depuis la nuit des temps, la lumière a été associée au principe féminin et à la connaissance métaphysique (aurea apprehensio, jnanap, gnose, etc.), intellectuelle (mythologies de l'intelligence), à celles de l'inspiration poétique, de la science, de la sagesse. Le mythologéme qui associe la lumière au principe féminin est attesté presque universellement et à tous les niveaux culturels. Cette homologation tire sa logique de l'identification lumière-connaissance. La femme est en effet le dépositaire des mystères de la sexualité et de l'amour. La connaissance sexuelle set la connaissance paradigmatique, la première manifestation, et la plus fondamentale, de la conscience. Comprendre sa propre nature est la clé et le principe de tout autre type de connaissance.
La correspondance lumière-principe féminin, quand elle est complétée par le troisième terme, l'amour, nous révèle la logique qui détermine l'association

Giorgio Di Genova

femme-savoir ainsi que la dimension érotique et créatrice, magique et transformatrice du féminin. La puissanche de la transfiguration de l'amour s'exprime, par exemple, à travers le thème mythico-rituel du monstre tranformé en une créature d'une beauté merveilleuse après l'acte sexuel (ou après un baiser, qui le symbolise).
Trois sculptures de Max Hamlet peuvent illustrer très clairement les thèmes mytho-symboliques que nous venons de citer. Dans la Femme enceinte ( 1) de 1991, c'est l'aspect cosmogonique et créateur du féminin qui est évoqué. Une femme, au dernier mois de gestation, serre deux gros œufs contre sa poitrine. L'attitude de la femme enceinte rappelle la position classique de la Grande Mère, créatrice universelle dans la sculpture préhistorique et antique. L'association des œufs (archétype symbolique de la naissance du monde) et des seins (lié au mythologème, de la Grande Mère nourricière et protectrice) souligne ce rapport ainsi que les deux autres aspects de l'éternel féminin cités plus haut. La tête de cette femme enceinte nous renvoie à l'androgynie de la divinité et à son rôlen de phare.
Le coq, en effet, est un symbole solaire universel et, par voie de conséquence, de la connaissance divine ; quant à l'androgynie, c'est la première prérogative de la divinité. La plupart des théogonies imaginent une divinité parfaite et la
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Andrè Verdet

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