au musée d'Allahabad, en est un autre exemple significatif plus récent. Nous retrouvons le caractère rituel de certaines représentations préhistoriques dans cette figure à la poitrine généreuse et aux jambes grandes ouvertes qui exhibent une vulve nue et bien visible. Une sculpture de la Déesse de la fertilité à tête de lotus (Nagna Kabadha), conservée au British Museum, précise au contraire l'origine de l'association vulve/connaissance,
Cette oeuvre a de nombreuses significations allégoriques, qui sont déjà toutes implicites dans la tête de la déesse, remplacée par une fleur de lotus.
Kabandha est aussi le nom donné à un grand vase pansu, et renvoie directement à l'équivalence archétypale femme/vase; mais pour ce qui nous concerne, il convient de nous attarder sur le double sens du mot " padma ", qui veut dire à la fois " fleur de lotus " et " vulve ".
La fleur de lotus est le symbole de la conscience : elle naît dans l'obscurité boueuse au fond d'un étang et grandit vers la lumière et vers l'air pour atteindre, immaculée, la surface de l'eau où elle ouvrirases pétales au soleil : l'image poétique évoque l'obtention de la connaissance divine. L'équivalence vulve-conscience renvoie à ce principe féminin/connaissance. Dans les Tantra, cette association vulve-connaissance estreprise en ces termes: " la lèvre inférieure le phallus, la lèvre supérieur la vulve, et de leur copulation naît la
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parole ".
Quant à Neumann, il observe que le " féminin positif de l'utérus apparaît comme une bouche ; c'est pourquoi on attribue des lèvres au sexe féminin. A la base de cette équation symbolique, la bouche, comme utérus déplacé vers le haut, constinue le lieu de naissance du souffle, de la parole, du Logos (1955 ;170). Rappelons encore que dans la tradition ésotérique, la vulve, bouche de la vérité, est aussi le passage qui porte à la connaissance cachée.
Ce n'est pas un hasard si notre personnage a une tête de huppe. Ce bel oiseau, dont le mâle ne se différencie pas extérieurement de la femelle, a une chaude couleur rouge fauve. Sa longue frange huppée et érectile a été assimilée, dans la littérature islamique, à la couronne de la vérité. Dans le classique Mantigut-taîr (la conférence des oiseaux) c'est la huppe qui va guider tous les oiseaux du monde à la recherche du roi. La huppe symbolise aussi l'inspiration intérieure.
Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'expliquer ici ce que j'ai déjà dit, à savoir que, selon moi, Max Hamlet ne s'est pas consciemment inspiré de la " pièce des trésors des symboles " (Jung, 1955-56 XIII). L'homme sage de Zurich soutient que " L'on peut peindre des tableaux très compliqués sans avoir la moindre idée de leur sens réel " (Jung, 1950 :352). C'est l'intuition poétique, source de toutes les connaissances, qui guide
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